
– Avocat du Peuple de la République de Moldavie –
Au cours des deux dernières années, deux cas de ce type ont été portés à l’attention du Médiateur pour les droits de l’enfant, les enseignants concernés ayant ensuite été licenciés.
En 2024, des informations ont circulé dans l’espace public concernant le départ de plusieurs enfants de la République de Moldavie vers un camp d’été en Fédération de Russie, certains d’entre eux accompagnés par un enseignant, dans le cadre d’un programme de l’organisation « Evrazia », enregistrée à Moscou et coordonnée par des citoyens de la République de Moldavie. Bien qu’aucune plainte n’ait été déposée indiquant que certains enfants auraient été emmenés de force, contre leur volonté, le Médiateur pour les droits de l’enfant a estimé qu’il existait un soupçon raisonnable selon lequel ces enfants auraient été manipulés à des fins électorales et de déstabilisation du parcours démocratique européen de la République de Moldavie. Pour les enfants, ce départ présentait avant tout des risques pour leur sécurité, étant donné que le camp se trouvait sur le territoire d’un État agresseur et à proximité de zones d’opérations militaires.
En même temps, le fait que les enfants et leurs parents acceptent ces départs révèle l’urgente nécessité de contrer la propagande et la désinformation, mais aussi de développer la pensée critique et les compétences en matière de culture démocratique de la population de la République de Moldavie, y compris des enfants et des jeunes. La Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant prévoit à l’article 29, paragraphe 1, point b), parmi les objectifs de l’éducation, le développement du respect des droits de l’homme.
En 2025, il est constaté que les activités de l’organisation « Evrazia » se poursuivent, facilitant la participation d’enseignants de la République de Moldavie à des formations en Fédération de Russie. Là encore, le soupçon raisonnable est que des narratifs russes, portant atteinte à l’essence même des droits de l’homme et de l’enfant, seront ensuite transmis en classe, contribuant à l’endoctrinement et à la radicalisation des enfants.
Le Médiateur pour les droits de l’enfant salue la réaction rapide du Ministère de l’Éducation et de la Recherche ainsi que les efforts des autorités nationales pour contrer ce phénomène qui viole clairement les droits de l’enfant et divise la société.
Par ailleurs, le Médiateur pour les droits de l’enfant appelle à la cessation des actions de la part des représentants des organes locaux spécialisés dans le domaine de l’enseignement, ainsi que d’autres autorités locales, qui soutiennent ce processus et/ou émettent des actes promouvant un discours de haine à l’égard de certaines catégories d’enfants. L’interdiction de la « propagande LGBT » dans les écoles, par un arrêté de la Direction générale de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports du Conseil municipal de Chișinău, n’est rien d’autre qu’un appel implicite au rejet des enfants ayant une telle orientation sexuelle ou identité de genre, qu’elle soit réelle ou simplement supposée. De tels messages exposent ces enfants, ainsi que ceux qui défendent leurs droits, à des risques de discrimination et de violence.
Le Médiateur pour les droits de l’enfant rappelle que l’incitation à la discrimination, à la haine ou à la violence fondée sur des préjugés est punie par la législation en vigueur (article 70/1 du Code des contraventions et article 346 du Code pénal).