– Office de la protection du citoyen – Haïti –
L’Office de la Protection du Citoyen (OPC), institution nationale de promotion et de protection des droits humains exprime son indignation face à la dégradation continue des conditions de détention dans le pays suite à la persistance de la crise sociopolitique. Les images choquantes des détenus, faisant le tour des réseaux, peuvent témoigner à quel point les personnes privées de liberté en Haïti sont exposées à des traitements cruels, inhumains et dégradants.
En effet, les Prisons civiles des Cayes, de Saint Marc, de Jérémie, de Fort Liberté, de Jacmel et de Petit-Goâve font face à une pénurie sévère de nourriture depuis plusieurs semaines. Du 23 août au 27 septembre 2022, plus de douze (12) décès ont été rapportés. Selon des observateurs nationaux et internationaux, la malnutrition et l’absence de soins médicaux adéquats constituent les principales causes des décès. Les trois derniers cas sont enregistrés au niveau du Commissariat de Petit-Goâve où les images devenues virales permettent d’évoquer de graves violations de droits humains notamment le droit à la vie, le droit à la santé et à l’alimentation.
La situation n’est pas différente à la Prison Civile de Port-au-Prince où les besoins les plus élémentaires demeurent un défi. Malheureusement, le recours excessif à la détention préventive, associé à l’incapacité des autorités judiciaires à assumer leurs responsabilités, à respecter les délais de procédures tels que prévus par les lois haïtiennes et les instruments internationaux portant sur les garanties judiciaires figurent parmi les causes majeures de la surpopulation carcérale avec un taux de plus de 90% de détention préventive prolongée en raison de l’insouciance de certaines autorités judiciaires.
Face à ce constat alarmant et croyant que la question doit être abordée dans le cadre d’un élan de solidarité, l’Office de la Protection du Citoyen recommande que des mesures urgentes soient prises de concert avec les partenaires internationaux évoluant dans le domaine humanitaire en vue de limiter les dégâts en attendant des réformes structurelles. Dans cette dynamique, l’OPC réitère son appel à la population visant à faciliter un couloir humanitaire permettant aux équipes de secours d’atteindre les catégories les plus faibles plus particulièrement les détenus.
L’Office de la Protection du Citoyen rappelle aux instances concernées que conformément aux instruments internationaux ratifiés par Haïti, toute personne privée de liberté doit être traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine.
« Aucun détenu ne doit être soumis à la torture ni à d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et tous les détenus sont protégés contre de tels actes, qui ne peuvent en aucun cas être justifiés par quelque circonstance que ce soit. La sureté et la sécurité des détenus, du personnel, des prestataires de services et des visiteurs doivent être assurées à tout moment ». (ref. Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus / Règles Nelson Mandela).
De ce fait, l’OPC prévient que si des dispositions ne sont pas adoptées dans les plus brefs délais, la situation risquera de se transformer en catastrophe humanitaire avec possibilité pour les parents des prisonniers décédés d’ouvrir la voie à des recours contre l’État par devant les Instances régionales et internationales relatives aux droits de l’Homme dans une perspective de réparations pour violations graves de droits humains.
05/10/2022 Lien vers l’article originel