– Défenseur des droits de l’Homme de la République d’Arménie –
La question de l’avortement en fonction du sexe reste préoccupante, en dépit de la progression de ces dernières années des mesures prises pour combattre le problème.
Les rapports préparés par le Défenseur des droits de l’homme au fil des ans témoignent de l’existence de ce problème : le fait que la grossesse soit interrompue lorsque le sexe de l’enfant est connu, en donnant la préférence aux garçons plutôt qu’aux filles, est une manifestation de la discrimination à l’égard des femmes.
Les études démontrent que les causes du problème sont profondes et diverses, mais une telle décision discriminatoire peut être influencée, par exemple, par les perceptions de genre traditionnellement inculquées par la société, par la préférence claire pour le fait d’avoir un enfant de sexe masculin, et par les stéréotypes sur le rôle des femmes.
En outre, certaines études montrent que, dans certains cas, avoir un enfant de sexe féminin peut causer des problèmes à la mère dans la famille, qui se verra en effet souvent reprocher de ne pas avoir donné naissance à un fils. Cette critique peut conduire les femmes à espérer elles aussi donner naissance à un fils, dans l’idée « d’avoir une position avantageuse dans la famille », « de renforcer leur statut », puis « d’avoir une garantie de stabilité pour l’avenir ».
Un autre problème se manifeste dans la mesure où parfois les femmes ne prennent pas la décision de pratiquer un avortement de manière indépendante ; elles peuvent franchir ce pas sous la pression ou même sous la contrainte des membres de leur famille.
Le déséquilibre du nombre d’hommes et de femmes en Arménie est apparent depuis 1991, et en 2000 ce ratio a atteint 120 garçons pour 100 filles, alors que la norme pour un tel rapport est de 102-103 garçons pour 100 filles.
Selon les données du ministère arménien de la santé, l’indice moyen du rapport filles-garçons chez les enfants nés entre 2008 et 2012 était de 100-115 en 2014, de 100-113,4 en 2015, de 100-112,7 en 2016, de 100-111,9 en 2017, de 100-109,8 en 2018, de 100-111 en 2019, de 100-110 et de 100-111,3 dans neuf mois en 2020.
Ces statistiques servent de preuve de l’existence du problème, qui est particulièrement prononcé dans le cas du troisième enfant.
Selon les données démographiques de 2020 publiées par le Comité des statistiques de la République d’Arménie, le « sex-ratio » selon l’ordre des naissances est de 1,04 pour le premier enfant, 0,07 pour le deuxième, 1,27 pour le troisième et 1,26 pour le quatrième.
Une étude comparative du sex-ratio montre qu’il y a une évolution positive, surtout dans le cas du deuxième enfant ; quant au premier enfant, l’indice est resté inchangé, et dans le cas des enfants suivants, les coefficients du rapport ont évolué positivement par rapport à l’année précédente, passant de 1,40 ou 1,32 à 1,27 et 1,26. Cependant, le problème n’est toujours pas résolu de manière systématique et nécessite des efforts supplémentaires.
Des études montrent que le problème peut devenir latent, et les experts affirment qu’il est déjà possible de déterminer le sexe du fœtus à un stade plus précoce, compte tenu du développement de la technologie médicale.
Il apparaît que les mesures prises pour traiter ce problème ne peuvent se limiter à l’interdiction de l’avortement sélectif en fonction du sexe entre 12 et 22 semaines de grossesse par des dispositions législatives ou par la seule sensibilisation du public.
Des mesures globales doivent être prises pour s’attaquer aux causes profondes du problème.
La lutte contre le problème de l’avortement en fonction du sexe et sa prévention doivent être associées à des mesures visant à renforcer le pouvoir des femmes, leur liberté de décision et la sensibilisation à leurs droits, ainsi qu’à des mesures visant à renforcer le contrôle des professionnels de santé dans l’accompagnement de ces femmes.
Traduction non officielle. Lien vers l’article original