Le Síndic rappelle les lacunes dans la prise en charge de la santé mentale des enfants et des adolescents

– Defensor de les persones – Sindic (Espagne – Catalogne) –

Le Sindic déplore l’augmentation des cas liés à la situation de pandémie et met en garde contre l’âge auquel certains problèmes graves de comportement et de dépendance se manifestent. Il demande de donner la priorité à la prévention et à la promotion de la santé mentale par le biais de programmes de parentalité positive et d’intervention en cas de récidive, ainsi qu’au renforcement du programme « Salut et école » dans les écoles et les établissements d’enseignement secondaire. Le Sincic considère que l’admission dans un centre thérapeutique résidentiel doit être garantie par le système public sans nécessairement exiger la prise en charge de la tutelle par l’Administration.

Ces dernières semaines, les médias ont rapporté des cas d’adolescents souffrant de graves problèmes de santé mentale qui dénoncent le fait qu’ils ne peuvent être traités avec l’intensité et la continuité dont ils ont besoin dans le système de santé publique en raison du manque de ressources thérapeutiques résidentielles à moyen et long terme.

Le Síndic a dénoncé ce problème dans le rapport El dret a la salut mental infantil i juvenil. Les garanties en matière d’accès et de soins dans les centres d’hébergement, dont la publication et la remise au Parlement ont eu lieu le 15 novembre 2019, y sont rappelées. Ce rapport se base sur l’analyse des plaintes reçues, sur des entretiens avec des professionnels, ainsi que sur les visites de centres effectuées par l’équipe du Síndic de Greuges et du Mécanisme Catalan de Prévention de la Torture (MCPT) dans des centres résidentiels existants.

Le rapport du Síndic a mis en évidence quatre problèmes majeurs dans le réseau de soins de santé mentale pour les mineurs : la discrimination pour des raisons économiques dans la garantie du droit à la santé mentale ; l’insuffisance des ressources pour s’occuper des problèmes de santé mentale, des troubles du comportement et des dépendances des adolescents ; le manque de garanties dans l’admission et la supervision dans l’intervention des ressources résidentielles ; et, enfin, l’utilisation dysfonctionnelle des ressources du système de protection pour couvrir les déficits en ressources de santé mentale.

En 2018, le ministère de la Santé a créé le Programme pour une approche globale des cas de santé mentale très complexes pour faire face à ces situations, et la même année 2018, la première unité thérapeutique éducative et résidentielle pour les enfants et les jeunes a été créée. Elle visait à répondre à la nécessité de s’occuper des cas très complexes de séjours prolongés en santé mentale, avec 30 places, dont 25 sont prévues pour s’occuper des enfants et des adolescents pris en charge par l’administration publique.0

En ce sens, le système de protection sociale et le système de santé catalan se basent sur le fait que l’admission thérapeutique plus longue est indiquée dans les cas où les problèmes sociaux et familiaux nécessitent l’abandon de l’enfant et de l’adolescent en raison du manque de protection de ses parents, quand souvent cette situation de manque de protection est due au manque de ressources publiques adéquates pour s’occuper d’un problème qui peut être de nature sociale, économique ou sanitaire, mais qui n’implique pas nécessairement la négligence, l’abus ou la maltraitance dans les soins et l’attention de cet enfant ou adolescent.

Néanmoins, il existe des centres qui offrent ces services de manière privée, à un coût inabordable pour de nombreuses familles, et qui n’exigent pas les garanties que l’administration publique devrait exiger lors de l’admission d’un nourrisson ou d’un adolescent dans un centre présentant ces caractéristiques. Certaines places dans ces centres thérapeutiques privés sont organisées par la Direction générale de l’enfance et de l’adolescence pour s’occuper des enfants et des adolescents pris en charge qui nécessitent une attention particulière ou sont financées par l’assurance scolaire obligatoire, qui couvre les étudiants inscrits à partir de la troisième année de l’Education Secondaire Obligatoire (cycle de 12 à16 ans).

Grâce au traitement de différents cas et aux visites des écoles existantes incluses dans le rapport publié en 2019, le Síndic est parvenu aux conclusions suivantes :

– Les ressources consacrées à la prévention et à la promotion de la santé mentale, ainsi qu’à l’intervention précoce, sont insuffisantes.

– Il est nécessaire de réglementer et de superviser que tout internement dans des centres résidentiels spécialisés soit effectué une fois que toutes les options alternatives disponibles ont été épuisées, et pour la période la plus courte possible.

– Le manque de ressources résidentielles publiques pour la santé mentale et le handicap fait que certains enfants et adolescents sont admis dans des centres privés sans les garanties nécessaires.

-Le manque de ressources publiques pour répondre à ces besoins ne doit pas conduire à la mise sous tutelle des enfants et des adolescents.

Dans ce rapport, les recommandations suivantes ont été faites aux administrations concernées, entre autres :

-Promouvoir des programmes de prévention et de promotion de la santé mentale, ainsi que des interventions de soutien à la parentalité et à la parentalité positive tout au long du cycle de vie des enfants et des adolescents, à partir d’un modèle psychosocial et communautaire, et accroître et étendre les programmes de détection précoce des troubles et des dépendances dans les écoles et les collèges.

– Rendre les services existants plus accessibles pour couvrir l’ensemble de la population avec une répartition territoriale adéquate.

– Réaliser une analyse de la couverture des ressources publiques existantes, tant dans le domaine de la santé que dans celui des services sociaux, et évaluer la pertinence de la mise en place de centres résidentiels pour les enfants et les adolescents de moins de huit ans qui ont besoin d’une désintoxication intensive et/ou d’interventions psychothérapeutiques ou d’un traitement avec accompagnement social.

– Assurer un internement thérapeutique public avec les garanties nécessaires lorsque les besoins de l’enfant ou de l’adolescent l’exigent.

Les professionnels du secteur mettent en garde contre l’augmentation des cas où les adolescents, en particulier, expriment une détresse psycho-émotionnelle en raison de la pandémie, ainsi que l’apparition de cas graves sous forme de troubles alimentaires, de dépendances, de tentatives d’automutilation et de suicide à des âges de plus en plus jeunes, qui dépassent les ressources existantes.

En ce qui concerne la santé mentale, les derniers rapports au Parlement sur les droits de l’enfant ont souligné la nécessité de doter le système de santé mentale des enfants et des jeunes de ressources plus importantes et plus adaptées aux problèmes existants.  La santé mentale et le bien-être émotionnel des enfants et des adolescents constituent un domaine d’une importance significative pour garantir l’exercice des autres droits et le plein développement de la personnalité et de l’identité de l’individu, avec des répercussions importantes dans le processus de transition vers l’âge adulte.

Selon les données de 2019, on constate ces dernières années une augmentation soutenue du nombre d’enfants et d’adolescents pris en charge par le Centre de santé mental des enfants (CSMIJ), passant de 54 570 en 2010 à 69 006 en 2019 (10 enfants de plus pour 1. 000 en une décennie), ainsi qu’une augmentation soutenue du nombre de visites par patient traité, ce qui confirme l’augmentation des ressources dans ce domaine, bien que le nombre de centres soit resté stable.

2021-05-10T14:35:17+02:00
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