– Délégué général aux droits de l’enfant (Belgique) –
Les premiers constats et analyses dans la foulée de la pandémie de Covid-19 sont sans appel : le virus a été et reste un inquiétant accélérateur d’inégalités sociales et un dangereux prédateur pour tous les droits des enfants. Les fragiles du monde d’avant sont devenus les précaires du monde d’après, celles et ceux qui étaient transparents avant la crise sont devenus invisibles avec les discriminations, les injustices, les drames humains que cela sous-entend.
Le Délégué général aux droits de l’enfant, en collaboration étroite avec l’Observatoire de l’Enfance de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse, a publié au printemps des fiches thématiques faisant une liste de recommandations pour atténuer, le plus possible, les effets de la Covid-19 sur les enfants et les jeunes qui préconise, notamment, de « Programmer, en premier ordre, au niveau communal une sortie de crise sous l’angle des loisirs et des activités sportives et culturelles. Initier des nouveaux partenariats et collaborations sous forme d’un réseau de propositions sportives, culturelles et de divertissement articulées avec le patrimoine disponible (ouverture des écoles l’été par exemple) afin d’en augmenter l’offre pendant les vacances scolaires d’été. En informer de manière proactive les familles en situation de pauvreté et appliquer une politique volontariste de réservation de places pour leurs enfants ».
Nous sommes au milieu de l’été et tous les indicateurs semblent montrer que le virus a repris des forces, que nous avons l’obligation d’apprendre à vivre avec cette menace qui reste pressante et d’agir dans l’intérêt supérieur des enfants, des jeunes, particulièrement à Bruxelles où ils et elles sont très nombreux.
Que faire ?
Nous devons à tout prix tirer les enseignements du confinement et de ses conséquences souvent très négatives sur les enfants.
Sur une initiative du Délégué général, avec le concours de Badje (Bruxelles Accueil et Développement pour la Jeunesse et l’Enfance), soutenus par la COCOF et la Ministre en charge de la coordination de la politique du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles relative à la réalisation des droits de l’enfant, Bénédicte Linard, il est donc proposé de :
• Permettre aux enfants et aux jeunes d’avoir accès à des moments de vacances et de détente malgré le contexte de sécurisation sanitaire
• D’explorer, en lien avec les coordinations ATL (Accueil Temps Libre) au niveau local, les places disponibles dans les services d’accueil des enfants et des jeunes pour mieux répondre à la demande des familles en tenant compte de l’offre dont on sait qu’elle est réduite à cause du virus
• D’anticiper la rentrée scolaire de septembre, dont il apparaît qu’elle sera de manière évidente impactée par la présence de la Covid-19, en travaillant au maillage et à la mobilisation des acteurs éducatifs et sociaux autour des lieux de vie des enfants et des jeunes
Bruxelles peut ainsi devenir le nouveau laboratoire d’une alliance éducative plus large dans l’intérêt supérieur des enfants, bien au-delà d’une réaction nécessaire, mais pas suffisante, à la crise sanitaire que nous vivons pour une période indéterminée.
Les objectifs sont clairs, ils passent par l’analyse des demandes des familles et la mobilisation des décideurs pour proposer des alternatives souples en lien avec l’offre disponible d’activités pour les enfants et les jeunes ; l’identification des acteurs de l’enfance, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse, mais aussi des corps intermédiaires entre l’école et la famille, pour travailler l’alliance éducative durant le temps libre mais aussi le temps scolaire ; l’anticipation des actions et des innovations à proposer dans le cadre d’une transformation spatiale et temporelle de l’école liée à la crise sanitaire sur base du travail de reconnaissance qui aura été réalisé pendant les vacances. Dès le mercredi 5 août, le numéro d’appel du Délégué général aux droits de l’enfant sera ouvert, entre 9 heures et midi, pour recevoir les demandes des familles au 02/223 36 99.
Pour éviter de nouvelles atteintes graves et impardonnables aux droits des enfants et des jeunes bruxellois, face à la Covid-19, nous devons plus que jamais prévenir pour éviter de guérir les maux provoqués par la crise sanitaire. Ce faisant, nous posons les jalons d’une nouvelle manière de faire lien, de faire école, de faire alliance éducative dans l’intérêt supérieur de tous les enfants comme nous y invite la Convention internationale des Nations Unies qui protège leurs droits.