– Médiateur de la République du Niger –

Monsieur Le Gouverneur de la Région de Maradi ; Monsieur le Préfet du Département de Tessaoua ; Monsieur le Président du Conseil Régional ; Monsieur Le Maire de la Commune de Tessaoua ; Honorable Chef de Canton de Tessaoua ; Honorables leaders Religieux ; Monsieur le Chef de Base de la SCI Maradi ; Messieurs les Chefs de Service Techniques ; Madame La Directrice Régionale de l’ONG SAVE THE CHILDREN; Messieurs les Forces de Défense et de Sécurité,

Je voudrais, de prime abord, m’acquitter de l’agréable devoir de vous remercier pour l’accueil chaleureux fait à ma délégation et à moi-même, et prier avec vous, pour que Dieu, dans son infinie bonté protège les filles et fils du Niger de cette terrible maladie ; Nous gardons une pensée pieuse pour toutes les personnes décédées et souhaitons un prompt rétablissement pour celles qui sont testées positives au virus. Permettez- moi de rendre un hommage à nos soldats de la sante (personnel médical) qui offrent leur vie pour sauver celle des autres.

Honorable Chef de Canton ; Ma Délégation et moi-même, sommes heureux d’être ici, dans ce grand palais où souffle l’ardente fraternité des gens du Katsina, et nous vous exprimons notre profonde gratitude ; Elle est celle de ces femmes et de ces hommes qui, après le combat engagé contre les violences faites aux enfants, décident aujourd’hui de mener une croisade contre la pandémie du COVID – 19. Et nous avons choisi Tessaoua pour être notre hémicycle. C’est d’ici que s’élèveront nos voix pour motiver l’engagement de tous les acteurs dans la lutte contre le COVID – 19 et la continuité des actions communautaires, afin de mitiger les conséquences sociales (Santé, Education, Protection et Economie), qui surviendraient à la suite de cette pandémie. Le choix de Tessaoua, n’est pas le fait du hasard. Nous avons voulu par ce geste rendre hommage à vous, Honorable, vous qui vous êtes illustré en prenant trois (3) initiatives dont une dans le domaine de la santé et les deux (2) autres dans le domaine de l’éducation, afin d’accompagner les efforts des pouvoirs publics et des partenaires. De tels actes méritent notre respect et notre admiration, surtout qu’ils portent une attention toute particulière à la femme et à l’enfant qui constituent l’âme de toute société.

Mesdames et Messieurs, Il me plaît, aussi, de souligner ici le rôle déterminant de l’ONG SAVE THE CHILDREN en tant que première organisation indépendante pour les enfants qui, depuis l’avènement de la pandémie, est en train de repenser les activités et les approches, afin de pouvoir agir à temps dans l’intérêt supérieur des enfants du Niger. Aussi, travaille – t- elle, en étroite collaboration avec l’ensemble de la communauté humanitaire du Niger et les autorités du pays, pour mettre en place un plan de riposte conjoint et intégré, afin de prévenir la propagation du virus et de pouvoir répondre aux préoccupations des populations les plus démunies. C’est pourquoi j’exprime ici, à l’endroit de Save the Children nos remerciements les plus vifs et lui renouvelé notre disponibilité à continuer à coopérer avec elle. Grâce à son appui, il se tisse et se consolide un plan de riposte qui s’élargit et s’ouvre à d’autres réseaux : Chefs religieux, Chefs coutumiers, Jeunes, Femmes, communicateurs, élus locaux, en un mot la société civile et ses différentes composantes. Je voudrais du haut de cette tribune, témoigner à Save The CHILDREN MTBA et urgence Maradi, toute notre reconnaissance et notre profonde gratitude.

Mesdames et Messieurs ; Le Niger, à l’instar du reste du monde, est aux prises, aujourd’hui, avec un adversaire redoutable qui a pris de court toute la communauté humaine, qui dans la recherche des voies de riposte appropriées, se trouve partiellement désarmée, et ne peut proposer que des mesures barrières dont l’impact sur les impératifs sociaux et les libertés individuelles risquerait d’être sévère. Il s’agit du coronavirus, dit COVID – 19, puisqu’il faut l’appeler par son nom, qui depuis quelques mois a investi toutes les aires d’évolution de l’Homme, réduit à une réclusion forcée sans précédent, endeuille les familles, déshumanise les sociétés, désarme la médecine moderne et hypothèque dangereusement l’avenir de l’humanité, en s’attaquant à tous et particulièrement à ce que toute société a de plus cher ; j’ai nommé : les personnes âgées, les femmes et les enfants. Il est désormais clair que nous n’avons plus droit à la passivité, tant que cette pandémie n’est pas vaincue. Il s’agit pour nous d’un combat sacré pour le droit à la vie. Nous devons alors redoubler d’efforts de réflexion, d’esprit de créativité, de vigilance de tous les instants, pour non seulement rechercher des solutions médicales urgentes, efficaces et durables, mais en attendant il nous faut respecter et faire respecter les consignes de sécurité, en développant et en entretenant une campagne de sensibilisation aussi large que profonde. Nous sommes tenus à cette dette irréductible envers nos concitoyens, parce que la pandémie est réelle et impose à chacun un examen de conscience rapide et objectif. Au Niger où le premier cas a été enregistré à Niamey courant mi-mars 2020, nous assistons depuis à une propagation de la maladie, qui se multiplie et affecte progressivement toutes les régions du pays. Chaque jour, il y a des statistiques qui nous parlent et des chiffres qui nous interpellent. Mesdames et Messieurs ; Ce fléau vient opportunément nous rappeler combien l’interdépendance mondiale est irrécusable, combien la solidarité, qui est le propre de l’Homme, ne peut être sectorisée, parcellisée ou zonée sans péril grave. De nos jours, un litige mal réglé, quelque part dans le monde, la moindre injustice entretenue ou une négligence commise, a des répercussions partout. L’ignorer, c’est refuser l’état du monde, transformé en village planétaire par la technologie fulgurante des temps modernes.

L’action que nous menons s’inscrit dans ce cadre, sur la base de la mission générale de veille, de respect des droits de tous dont le Médiateur de la République est investi, et de ses prérogatives de défense des couches vulnérables du pays, dont les femmes et les enfants. Il est en effet indéniable que les conséquences sociales de cette maladie touchent durement les femmes. Or, celles-ci sont dans tous les secteurs de production et de gestion, partout à travers le monde. Elles représentent la tranche la plus importante des travailleurs du secteur de la santé et des services sociaux. Elles travaillent dans l’économie informelle, tout ce qu’il y a de plus précaire, sans assurance adaptée, ni priorité d’éligibilité aux mesures de renflouement et d’aide sur e plan financier. Il est évident que nous sommes ici au cœur de la question préoccupante de l’égalité hommes/femmes, de la place centrale de la femme au sein de nos sociétés. De par son rôle social et son statut, elle se trouve habituellement dans un état de détresse sévère et de stress considérable. La pandémie actuelle vient aggraver cette situation, en ce que son impact sur le secteur de la santé influe naturellement sur l’économie et celle de l’éducation, domaines essentiels d’intervention des femmes, en milieu rural comme dans les villes. Quand pour lutter contre le mal l’on est dans l’obligation de réduire les déplacements et les obligations religieuses au strict minimum, de fermer les frontières et les établissements d’enseignement préscolaire, primaire, secondaire et supérieur, d’imposer des mesures de distanciation sociale, il est évident que c’est la gestion du quotidien qui est ainsi grippée, que c’est l’avenir à travers l’instruction et l’éducation qui est ainsi compromis. Pourtant ces mesures sont primordiales et nécessaires pour préserver l’essentiel : le droit à la vie.

Mesdames et Messieurs ; Nous devons agir, mais agir très vite, dans l’intérêt supérieur de l’enfant et de la femme, dans l’intérêt supérieur de tous, en étroite collaboration avec l’ensemble de toutes les composantes de la nation et de toute la communauté humaine, de manière à mettre en place un plan concerté de prévention et de riposte à la propagation de la maladie, dans des propositions compatibles avec les libertés publiques et les attentes légitimes des franges les plus démunies. Pour ce qui concerne plus particulièrement les enfants, qui vivent une situation inconnue ; il convient de leur expliquer la maladie, sans les effrayer, de façon ludique, en partant de ce qu’ils savent déjà, dans un langage simple et clair, pour capter leur attention et les rassurer. Nous entendons, pour ce faire, éveiller une conscience sociale forte et responsable, en apprenant des gestes de prévention simples mais utiles aux enfants, en évitant l’émergence de toute forme de stigmatisation, quant à l’origine de la pandémie, de discrimination ou de refus de l’autre.

Tels sont Mesdames et Messieurs, l’objet de notre présence parmi vous et le contenu des actions que nous projetons de mener pour vous et avec vous, au moyen d’une campagne de sensibilisation, vaste et diversifiée, autour du thème : « Engagement et implication des jeunes, autorités coutumières et religieuses aux côtés du Médiateur de la République dans la lutte contre le COVID – 19 et ses conséquences sur les dimensions sociales essentielles : santé, éducation, protection et économie » Ce thème se justifie et nous conforte dans notre vision que, rien de grand, rien de profitable, de sûr et de pérenne n’est possible sans l’implication des intéressés eux-mêmes et de leurs références morales. C’est pourquoi l’engagement clair et volontaire des jeunes, des Chefs traditionnels et des leaders religieux est primordial, en ce qu’il constitue le gage essentiel de réussite de cette entreprise. Avec cet espoir et la certitude de résultats probants, je déclare lancée la campagne de sensibilisation sur la lutte contre le COVID – 19 dans la région de Maradi. Je vous remercie de votre aimable attention.