Commissariat aux services en français de l’Ontario
La carte santé comme outil d’identification des patients francophones, je l’ai rêvée, nous l’avons tous rêvée depuis plusieurs années, et l’Assemblée Législative de l’Ontario et ses députés l’ont mise à l’agenda !
La prise en compte de la variable linguistique est reconnue depuis longtemps comme un enjeu critique de l’expérience du patient et de ses proches. Dans leur déclaration de principe commune de 2013, puis dans leur rapport, les six entité de planification des services en français soulignaient que le manque de données factuelles « limite considérablement la capacité d’analyser les besoins en matière de santé des individus et des communautés francophones et entrave la planification judicieuse de services de santé qui répondent aux besoins de la population ». Ils indiquaient clairement que la capture de « l’identité linguistique » est essentielle pour résoudre ce problème.
C’est pourquoi la motion déposée le 4 octobre par la députée Amanda Simard, qui est également adjointe parlementaire de la ministre déléguée aux Affaires francophones, pour demander au gouvernement d’ajouter l’identité linguistique dans les données que contient la carte santé, est à mes yeux un geste capital. D’autant qu’elle a été adoptée à l’unanimité ! Cela représente une étape clé dans le travail de longue haleine qui a impliqué plusieurs acteurs, dont le Commissariat, et a permis de sélectionner la Base de données sur les personnes inscrites (BDPI) comme outil pour collecter les données de la variable linguistique et pour maximiser des gains au moyen de systèmes numériques.
Dans mon dernier rapport annuel 2017-2018, je souligne que l’utilisation de données massives aux fins de la planification des services publics nécessite la création de cet identifiant linguistique pour répondre aux défis de notre époque (croissance et vieillissement de la population, coûts de santé en hausse) et prévoir des services de santé appropriés. Bien sûr, il sera primordial de prendre en compte la Définition inclusive de la francophonie (DIF) lors du choix des questions permettant de déterminer l’identité linguistique, quand nous en serons là. Nous serons certes aux aguets non seulement sur les questions qui seront posées, mais par qui et à quel moment et dans quel contexte. La partie n’est pas encore gagnée et demandera une collaboration de toutes et tous, en commençant par les fonctionnaires, mais aussi par le public francophone qu’il faudra informer sur la nécessité de s’identifier comme francophone. Il faudra convaincre ce public que de s’identifier comme francophone ne signifiera pas qu’on devra attendre plus longtemps pour des services !
L’avantage de cette identification demeurera individuel. Par exemple, la vulnérabilité des personnes âgées au moment de solliciter des soins réduit leur confiance et leur aptitude à demander à être soignés en français. La nouvelle carte parlera pour eux en quelque sorte.
Au-delà de cet immense avantage pour les patients eux-mêmes, l’inclusion et la collecte des variables linguistiques sur la clientèle permettra au gouvernement de mesurer, tenir compte et répondre aux besoins des francophones d’être servis dans leur langue : planification, anticipation, meilleure allocation des ressources. Naturellement, on ne peut que souhaiter avec cette démarche une application concrète du concept capital de l’offre active.